Au fil des réunions d’assesseurs, il était apparu un besoin de rencontrer les services d’hébergement de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) pour mieux comprendre à la fois le vécu des jeunes et le travail des éducateurs et psychologues.
Le 15 mai 2025, nous nous sommes rendus à l’Établissement de placement éducatif (EPE) de Toulouse. Cet EPE est le seul établissement public d’Occitanie pour un placement pénal individualisé et avec la possibilité d’un accueil relais. Il comprend 2 unités éducatives :
- L’unité éducative d’hébergement collective (UEHC) La Cale: 12 places (où nous avons été accueillis)
- L’unité éducative d’hébergement diversifié (UEHD) : 24 places
L’équipe nous a chaleureusement accueillis. Nous avons bénéficié d’une présentation du service, d’un grand temps d’échanges sur les pratiques et particularités de la prise en charge des jeunes hébergés et enfin d’une visite des locaux de l’UEHC, rénovés en juillet 24, agréables, bien pensés et conviviaux. L’UEHC offre un accueil mixte de jeunes de 13 à18 ans, en grande majorité des garçons. Elle dispose de chambres individuelles et de studios pour le placement en semi-autonomie
Le protocole d’entrée dans le service, comporte un accueil par deux éducateurs et 3 rendez-vous systématiques par la psychologue. Celle-ci est parfois amenée à effectuer la prise en charge de l’obligation de soins. Il existe un conventionnement avec un psychiatre, la possibilité de se référer à un ethnopsychiatre et de réfléchir en pluridisciplinarité avec l’aide du Réseau RAP31. Les objectifs du placement sont élaborés avec le jeune et sa famille. 4 axes sont travaillés : l’insertion, la santé, le lien avec les familles et l’aspect pénal (alternative ou sortie de détention). Il s’agit de créer un lien favorable à la réflexion et l’évolution. C’est un moment dans un parcours avec un travail sur le passé et sur l’avenir
L’Unité éducative d’hébergement diversifié (UEHD) propose un accueil diversifié basé sur l’adhésion des familles et du jeune. Malheureusement il y a peu de familles d’accueil et une augmentation des placements éducatifs à domicile avec cependant un repli possible dans l’unité de placement collectif.
Des problématiques particulières ont été évoquées :
- Le vécu abandonnique et le placement ressenti comme une sanction
- Les consommations et les liens persistants avec le réseau de trafic de stupéfiant
- La place importante de l’argent
- La violence vécue par les jeunes comme inéluctable en raison de l’emprise du groupe
- La perte du sens et de l’importance de leur propre vie, leur recherche de limites propre à l’adolescence
- Cependant, peu de violence à l’intérieur de l’établissement
- Des fugues plus ou moins longues toujours signalées dès la première heure
- Les Mineurs non accompagnés (MNA) énergivores, exigeants, parfois très participants mais avec beaucoup d’incertitudes sur la possibilité d’avoir le permis de séjour après 18 ans, compte tenu de leur casier judiciaire. Ils sont parfois désespérés et présentent souvent un tableau de syndrome post traumatique.
Nous nous sommes intéressés aussi au travail des éducateurs, leurs difficultés, leurs satisfactions, la gestion des affects, les synthèses pluridisciplinaires, l’encadrement et la sécurisation par la directrice de l’unité, les nombreux écrits à destination du dossier, du juge, ou du jeune lui-même.
L’équipe est très expérimentée et très investie et cette rencontre a été pour nous très enrichissante.