En raison de restrictions budgétaires, la DPJJ (Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse) a annoncé au cœur de l’été le non-renouvellement de 500 postes d’éducateurs contractuels. Cette information a provoqué un mouvement de mobilisation des personnels de la PJJ dès le mois d’août et a été à l’origine d’une journée de grève nationale et de manifestations le jeudi 19 septembre 2024.
Il est nécessaire de rappeler que les éducateurs jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des mineurs, notamment délinquants et que les non-renouvellements entraînent de facto une dégradation de leurs conditions de travail et du suivi qu’ils peuvent effectuer auprès des jeunes. Les personnels de la PJJ mettent en œuvre quotidiennement l’un des principes fondamentaux de la justice pénale des mineurs : la primauté de l’éducatif sur le répressif.
C’est la raison pour laquelle l’ANATPE s’inquiète de cette décision, alors même que le garde des Sceaux se félicitait lors de ses vœux, auxquels l’ANATPE avait été conviée, le 29 janvier 2024 d’une augmentation sans précédent des moyens budgétaires accordés à son ministère, et rendait « un hommage appuyé à tous les acteurs de la protection judiciaire de la jeunesse qui consacrent leur vie à la prise en charge d’un public difficile que sont les mineurs délinquants. »
Cette décision nous semble d’autant plus paradoxale que la mise en place du CJPM (Code de la justice pénale des mineurs) nécessite, comme le ministère de la Justice le préconisait au moment de sa mise en œuvre, une augmentation des moyens humains, notamment pour donner sa pleine efficacité à la procédure de mise à l’épreuve éducative (césure pénale).
Lors des audiences, les assesseurs peuvent mesurer l’investissement des éducateurs dans leur mission, mais aussi leur surcharge de travail, qui explique souvent l’absence de reprogrammation des rendez-vous non honorés par le mineur ou encore que des rapports récents pourtant indispensables (et obligatoires), ne figurent pas au dossier.
Cette décision nous apparaît donc aller à l’encontre de l’esprit de la réforme de la justice pénale des mineurs qui nécessite un engagement plus fort de la PJJ, pour favoriser une sortie de la délinquance rapide et réussie.