Un bilan mitigé sur le fonctionnement des CEF

19 Juil, 2025 | A la Une, Actualités nationales

Le ministère de la Justice a commandé un rapport pour évaluer le fonctionnement et l’intérêt des centres éducatifs fermés (CEF). Ce rapport, rédigé par l’Inspection générale de la Justice et remis le 5 juin 2025, a été élaboré à partir de 17 visites de CEF et de questionnaires complétés.

Créés en 2002, les CEF sont une alternative à la détention qui permet d’apporter une réponse adaptée aux mineurs les plus ancrés dans la délinquance ou qui commettent les actes les plus graves. La France compte aujourd’hui 56 CEF (le dernier ouvert en 2025 à Rochefort), dont 37 dépendent du secteur associatif habilité et 19 du secteur public.

Le placement en CEF est défini par le rapport comme “une réponse pénale visant à prendre en charge des jeunes ayant commis des actes de délinquance en leur offrant un encadrement à la fois éducatif et contenant. Il est l’accessoire d’une mesure coercitive, le plus souvent prononcée lors d’un défèrement, dans le cadre d’un contrôle judiciaire et avant l’audience de culpabilité. La révocation de ce contrôle étant susceptible d’entraîner la détention provisoire, c’est essentiellement cette disposition juridique qui confère le caractère fermé à ces établissements.”

La loi de 2019 prévoyait la construction de 22 CEF en France, et depuis, 4 seulement ont été achevés.Le coût de construction d’un CEF varie entre 5 et 7 millions d’euros (alors que les prévisions tablaient sur 4,5 millions d’euros).

Le rapport pointe plusieurs difficultés, parmi lesquelles :

  • Un taux d’occupation global de 72% en 2024 (objectif = 85%) avec certaines régions, comme l’Ile-de-France et le Sud-Est qui restent sous dotées en CEF par rapport aux chiffres de la délinquance.
  • Une hétérogénéité du fonctionnement des CEF : “Les activités de jour sont trop souvent occupationnelles, les heures d’enseignement scolaire insuffisantes et la prise en charge de la santé trop inégale. Ceci est dû en partie aux problèmes de gestion des ressources humaines qui se multiplient en raison de vacances de postes, d’absentéisme, d’un défaut d’attractivité, conduisant à recourir aux heures supplémentaires, aux contrats à durée déterminée et à l’intérim. L’équipe éducative est ainsi parfois insuffisamment formée et peut manquer d’expérience ce qui impacte la qualité de la prise en charge des jeunes.”
  • “L’impact du placement en CEF sur le parcours des mineurs est difficile à mesurer en raison d’un manque de données malgré les différentes études de cohortes cibles (13-16 ans) menées par la DPJJ et par la mission”.
  • Les mineurs placés en CEF sont “souvent en rupture scolaire, présentent des retards de soins importants et ont connu un parcours en protection de l’enfance pour 65 % d’entre eux.”
  • Le temps de placement de 6 mois n’est respecté que par 55% des mineurs, et 82% retournent en famille après, faute d’autres réponses adaptées.

Le rapport formule également 20 recommandations à l’attention de la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (DPJJ) pour améliorer la gestion et le fonctionnement des CEF, ainsi que l’encadrement et la formation des personnels, en revalorisant aussi leurs conditions de travail.

Pour lire le rapport :

IGJ_rapport_CEF_2025

OU sur le site du ministère : https://www.justice.gouv.fr/documentation/ressources/mission-thematique-devaluation-centres-educatifs-fermes-cef